L'Apogon : Un Exemple Fascinant de Paternité

L’apogon (Apogon imberbis) est un petit poisson coloré, atteignant jusqu'à 15 cm de longueur, facilement reconnaissable par son corps trapu, sa teinte rouge-orangé éclatante et ses grands yeux noirs soulignés de deux bandes horizontales blanches. Craintif par nature, il reste proche de son repaire, souvent une fissure ou un interstice rocheux, où il se réfugie à la moindre alerte.

Ce poisson nocturne est observé en été entre 10 et 50 mètres de profondeur, tandis qu'il peut descendre jusqu'à 200 mètres le reste de l'année. L’apogon se distingue par un mode de reproduction unique : après une parade nuptiale intense, la femelle libère ses œufs, qui se collent ensemble en une masse grâce à des filaments adhésifs. Le mâle récupère ensuite cette boule d'œufs dans sa bouche pour une période d'incubation d'environ une semaine, durant laquelle il jeûne strictement. Cette incubation buccale protège les œufs des prédateurs et augmente considérablement leur taux d'éclosion.

Le Barracuda : Sentinelle du Réchauffement Climatique

Le barracuda (Sphyraena viridensis), également connu sous les noms de bécune ou brochet de mer, est un poisson des eaux chaudes considéré par les scientifiques comme un indicateur biologique du réchauffement des océans et du climat. Doté d'un corps fuselé en forme de torpille, de grands yeux et d'une mâchoire inférieure proéminente armée de dents acérées, il est un prédateur redoutable.

Se trouvant au sommet de la chaîne alimentaire, le barracuda se nourrit principalement de poissons, de céphalopodes et de crustacés. Les jeunes barracudas sont les seules cibles des thons. Les adultes arborent une vingtaine de rayures noires le long de leurs flancs. Bien qu'il soit essentiellement pélagique et préfère les eaux profondes, le barracuda se rapproche des côtes, des îles et des caps durant l'été, devenant de plus en plus courant dans ces zones.

Ces dernières années, des bancs comptant plusieurs centaines de barracudas ont été observés autour de l’îlot de la Gabinière, un site de plongée renommé à Port-Cros. Leur présence accrue dans ces eaux témoigne des changements environnementaux en cours.

La Baudroie : Chasseuse Parfaite des Fonds Marins

La baudroie, également connue sous le nom de lotte (Lophius piscatorius), est une redoutable prédatrice des profondeurs marines. Pouvant atteindre jusqu'à 2 mètres de longueur et peser 40 kg, elle se distingue par son corps aplati et sa tête disproportionnée par rapport au reste de son corps.

Préférant les fonds meubles, la baudroie se trouve entre la surface et 250 mètres de profondeur. Elle se déplace si lentement que son mouvement ne crée aucun remous dans l'eau, ce qui en fait une chasseuse furtive. Dotée de trois rayons dorsaux, elle utilise le premier comme un leurre, le faisant osciller devant sa gueule pour attirer ses proies.

Grâce à la coloration de sa peau et aux franges cutanées qui entourent sa mâchoire inférieure, la baudroie se camoufle parfaitement, ressemblant à un rocher couvert d'algues. Immobile, elle attend patiemment que ses proies s'approchent. Lorsque celles-ci sont suffisamment près, elle ouvre soudainement sa gueule massive pour les happer d'un coup, démontrant ainsi son efficacité redoutable en tant que chasseuse embusquée.

La Blennie Gattorugine : La "Baveuse" des Fonds Marins

La blennie gattorugine, ou "baveuse" (Parablennius gattorugine), est un poisson côtier qui nage peu, car elle ne possède pas de vessie natatoire. Elle se caractérise par une peau nue et visqueuse de couleur brunâtre, ornée de 6 à 7 bandes plus sombres.

Sa tête courte et massive est dotée de deux appendices très ramifiés au-dessus des yeux. La blennie possède une nageoire dorsale unique, plus haute à l’avant qu’à l’arrière, et bien développée, ce qui lui permet de rester stable sur le fond marin. Ses nageoires pectorales robustes lui donnent une excellente adhérence sur les substrats rocheux.

La blennie baveuse est principalement active au lever et au coucher du soleil, se nourrissant de petits invertébrés. Pendant la saison de frai, plusieurs femelles déposent leurs œufs dans une même crevasse, sous la vigilance d'un mâle qui veille sur la ponte, assurant ainsi la protection et l'aération des œufs.

La Castagnole : L'Hirondelle de Mer

Connue également sous le nom de "hirondelle de mer" en raison de sa nageoire caudale en forme de ciseaux, ou "demoiselle", la castagnole (Chromis chromis) est un petit poisson au corps brun sombre, apparaissant presque noir de loin.

Ces poissons diurnes, qui se nourrissent principalement de zooplancton, vivent en grands bancs au-dessus des fonds rocheux ou des herbiers. La nuit, ils se réfugient dans ces herbiers pour dormir. Les mâles, souvent solitaires, se distinguent en préparant des sites de ponte dans la roche et en ventilant et protégeant les œufs.

Mesurant entre 7 et 10 centimètres, les castagnoles juvéniles arborent une couleur bleu fluorescent spectaculaire pendant les premiers mois de leur vie, ajoutant une touche de vivacité aux écosystèmes marins qu'ils habitent.

Le Chapon : Maître du Camouflage des Fonds Marins

Le chapon (Scorpaena scrofa), également connu sous le nom de « grande rascasse rouge » en raison de sa couleur éclatante, vit généralement posé sur le fond marin, où il chasse à l'affût. Sa teinte vive, pourtant invisible dans les profondeurs obscures, et son corps couvert de protubérances lui donnent une apparence redoutable.

Grâce à son pelage marbré, le chapon se camoufle parfaitement dans son environnement, aidé par des lambeaux de peau sur sa mâchoire inférieure qui imitent les algues environnantes, une caractéristique qui le distingue des autres rascasses. Comme ces dernières, sa nageoire dorsale est munie d'épines venimeuses, un atout défensif redoutable.

Confiant dans l'efficacité de son camouflage, le chapon ne fuit que rarement devant les intrus. Il attend patiemment ses proies, telles que petits poissons, mollusques et céphalopodes, pour les attraper grâce à sa bouche protractile capable de s'agrandir et de s'allonger pour saisir de grosses prises. Sa voracité et ses compétences de chasseur en font un redoutable prédateur des fonds marins.

Le Congre : Serpent des Profondeurs

Le congre (Conger conger) est un poisson serpentiforme qui peut atteindre une longueur impressionnante de 3 mètres. Il vit principalement dans les cavités, les failles rocheuses et les épaves, mais fréquente également les fonds meubles en eaux profondes. Sa peau, recouverte d'un épais mucus, est de couleur grise à noirâtre, avec un ventre plus clair. Les nageoires dorsale et anale sont bordées de noir.

Doté d'une tête légèrement aplatie, le congre possède une dentition fine, pointue et extrêmement coupante. Ses opercules, profilés et dilatables, révèlent un petit orifice branchial. Ce prédateur nocturne réduit considérablement son activité durant les nuits de pleine lune. Cependant, à des profondeurs supérieures à 50 mètres, il peut être actif aussi en journée.

La reproduction du congre se caractérise par une longue migration vers le large, accompagnée de changements physiologiques marqués qui lui donnent un aspect boudiné.

Le Corb : Élégance et Vulnérabilité des Côtes

Le corb (Sciaena umbra) est un poisson côtier à l'apparence élégante, doté d'une robe argentée avec des reflets de bronze et des nageoires dorsale et caudale bordées de noir. Cette élégance, alliée à son comportement nonchalant et à la qualité de sa chair, le rend particulièrement vulnérable.

Ce poisson fréquente principalement les fonds de pente modérée, entre 5 et 30 mètres de profondeur. Il affectionne les dalles bordées d'herbiers, évoluant souvent en groupes familiaux qui peuvent rassembler plusieurs dizaines d'individus de tailles variées. Pendant la journée, il se cache sous ces dalles.

Le corb est nocturne et se nourrit principalement de crustacés, mais aussi de poissons et de vers. Il est également connu pour sa capacité à produire des croassements en comprimant sa vessie natatoire, d'où il tire son nom.

Devenu rare sur nos côtes à cause de la chasse sous-marine, le corb voit ses populations se rétablir peu à peu grâce aux réserves marines. À Port-Cros, la population de corbs a été multipliée par sept depuis 1990. Un récent arrêté interdisant sa pêche devrait contribuer à renforcer encore ses effectifs dans nos eaux.

Le Crénilabre Paon : Un Labridé Coloré et Protecteur

Le crénilabre paon (Symphodus tinca) est le plus grand représentant de la famille des Labridés. Le mâle arbore une coloration vive, avec des teintes vert jaune, ornées de lignes horizontales tachetées de rouge et de bleu. En revanche, la femelle est plus petite et présente une robe brun grisâtre. Les deux sexes possèdent une bande sombre reliant leurs yeux et une tache noire juste devant la queue.

Pendant la période de reproduction, le mâle construit un nid avec des algues dans un recoin de rocher et effectue une longue parade nuptiale pour attirer une femelle. Une fois les œufs déposés, il assure leur protection et leur oxygénation en les ventilant soigneusement.

Le crénilabre paon adopte parfois des comportements étonnants : il peut se coucher sur le côté dans les algues ou rester immobile, la tête légèrement inclinée vers le haut. Ces postures servent de signal aux petits crénilabres nettoyeurs pour qu'ils puissent éliminer les parasites de sa peau.

Le Denti : Un Prédicateur Impressionnant des Côtes

Le denti (Dentex dentex) est un splendide représentant de la famille des sparidés, capable d'atteindre un poids impressionnant de 10 kg. Son corps est haut et latéralement comprimé, avec une tête volumineuse dotée de mâchoires puissantes et de lèvres épaisses. Sa coloration comprend un dos gris bleu à mauve, des flancs ornés de petites taches bleu clair et foncé, et un ventre clair. Ses nageoires sont également teintées de bleu. Il arbore une zone sombre au-dessus de l’œil et une marque jaunâtre sur les joues (opercules).

La période de reproduction du denti s'étend d'avril à juin. Ce grand prédateur côtier chasse en surface par mer agitée et traque ses proies sur des fonds rocheux, généralement entre 10 et 20 mètres de profondeur, par mer calme. Bien qu'il soit devenu rare sur nos côtes, il n'est pas rare de l'apercevoir en plongée ou en apnée autour de Port-Cros.

La Dorade Royale : Un Poisson à la Couronne Dorée

La dorade royale (Sparus aurata) tire son nom de la tache jaune située entre ses yeux, évoquant une couronne d'or. Ce poisson est reconnaissable à sa couleur gris argenté, sa tête massive et ses lèvres charnues. Souvent solitaire, la dorade royale fréquente les zones côtières sableuses proches des rochers.

Ce sparidé se nourrit principalement de mollusques, qu'elle écrase avec ses puissantes molaires, ainsi que de crustacés, de petits poissons et parfois d’algues. La période de ponte se situe en hiver ou au début du printemps. Les jeunes dorades apprécient particulièrement les eaux saumâtres des étangs littoraux. Hermaphrodites, ces poissons naissent mâles et deviennent femelles vers l'âge de trois ans.

Mesurant entre 20 et 50 centimètres, la dorade royale s'adapte bien à l'aquaculture, ce qui en fait une espèce prisée pour l'élevage.

La Girelle : Un Poisson Actif et Adaptable

La girelle commune (Coris julis) est l'un des poissons les plus courants de nos eaux. Peu farouche et très dynamique, elle fréquente les zones côtières, de la surface jusqu'à 120 mètres de profondeur, se trouvant souvent dans les zones rocheuses, en bordure d’herbiers ou sur les fonds sableux.

Ce petit labridé présente une grande variété de colorations. Les femelles et les jeunes mâles arborent une ligne blanche horizontale qui sépare leur dos brun de leur ventre clair. En revanche, le mâle dominant, surnommé "girelle royale", est plus grand et présente une coloration vive avec une ligne horizontale orange vif bordée d’un liseré bleu-vert. Les femelles âgées peuvent subir une inversion sexuelle et devenir des mâles.

Pour se protéger des prédateurs, les girelles s'enfouissent dans le sable la nuit. Elles se nourrissent principalement de petits crustacés et mollusques, et montrent un grand intérêt pour les sédiments soulevés par les mouvements des plongeurs. Très actives durant la journée, avec une nage rapide et saccadée, elles se cachent dans le sable non seulement la nuit mais aussi durant l'hiver pour se protéger.

La Girelle Paon : Un Poisson Coloré des Petits Fonds

La girelle paon (Thalassoma pavo) est l'un des poissons les plus colorés des petits fonds marins, et c'est un habitant relativement récent de nos eaux, originaire de la Méditerranée méridionale. Les premiers spécimens ont été observés dans les années 80.

Chez la femelle, le corps est finement strié et marqué de 4 à 6 bandes transversales bleu-ciel, une tache dorsale noire, et une tête ornée de lignes bleu-ciel. Le mâle, quant à lui, présente une couleur vert olive uniforme, avec une seule barre bleu bordée de rouge derrière la tête, qui est marbrée de bleu. Les jeunes affichent un corps vert uni avec une tache dorsale très prononcée.

La girelle paon se déplace en utilisant uniquement ses petites nageoires pectorales, sans onduler du corps, ce qui lui confère une allure rapide et saccadée. Cette espèce préfère les zones proches de la surface, autour des rochers couverts d'algues, où elle trouve sa nourriture.

Le Loup : Un Prédateur Argenté des Zones Côtières

Le loup (Dicentrarchus labrax), connu sous le nom de bar sur les côtes atlantiques, est un prédateur aux écailles gris argenté et au corps fuselé. Pendant les premières années de sa vie, il vit en bancs parfois importants, mais devient de plus en plus solitaire en vieillissant, sauf pendant la période de reproduction. À ce moment-là, il se regroupe en grand nombre dans les eaux saumâtres autour de quelques femelles.

Ce poisson préfère les zones côtières riches en petits poissons de pleine eau, qui constituent sa principale source de nourriture. La chair du loup est très prisée pour sa qualité gustative, et sa facilité d'élevage en fait l'un des poissons les plus consommés. Aujourd'hui, la majorité des loups disponibles sur le marché provient de l'aquaculture.

La Mendole : Un Poisson Grégaire aux Couleurs Changeantes

La mendole (Spicara maena) est un poisson très grégaire, connu pour sa chair peu prisée, si bien que les Allemands la surnomment « poisson laxatif ». Ce poisson possède un corps ovale et allongé, comprimé latéralement, mesurant entre 10 et 20 cm de long. Ses grands yeux et sa bouche très protractile sont caractéristiques.

D'une couleur argentée, la mendole arbore une tache noire rectangulaire sur le flanc. Pendant la période de reproduction, ses pigments bleus deviennent plus intenses, et son éclat métallique lui confère une allure majestueuse. Elle se nourrit de petits crustacés et de mollusques de fond.

La mendole forme de grands bancs qui évoluent en pleine eau, assez près du fond. Les spécimens les plus gros tendent à se séparer du groupe pour vivre de manière solitaire ou en petits groupes. On peut les rencontrer au-dessus de divers types de fonds : meubles, sableux et herbeux. Les jeunes mendoles, fréquents dans les fonds mixtes et près des zones rocheuses, s'associent souvent à d'autres espèces telles que les oblades, les castagnoles ou les bogues. En été, des rassemblements impressionnants de mendoles se forment au-dessus des herbiers de posidonie pour la reproduction.

Le Mulet : Le Polyphage des Mers

Le mulet (Mugil cephalus), souvent surnommé "le mange-tout de la mer", est un poisson remarquable par sa tête large et aplatie, son museau arrondi, et sa lèvre supérieure épaisse et papillée. Son corps fuselé est couvert de grandes écailles gris-argenté. Les jeunes mulets se déplacent en bancs, souvent visibles à la surface de l'eau grâce à leurs nageoires dorsales effleurant l'eau. Les adultes, quant à eux, sont plus méfiants et préfèrent rester au large.

Résistant aux variations de température et de salinité, le mulet aime remonter les estuaires jusqu'en eau douce ou se nourrir dans les zones côtières riches en matières organiques, comme les lagunes ou les ports. Omnivore, il se nourrit de petits organismes marins ainsi que de divers déchets. Cette espèce est également bien adaptée à l'élevage en aquaculture.

La Murène : Une Habitante des Profondeurs Méconnue

La murène (Muraena helena), résidente des îles d’Hyères comme Porquerolles, est souvent redoutée par les plongeurs. Cependant, elle n'attaque que pour protéger sa progéniture durant la période de reproduction ou lorsqu'elle se sent menacée.

Avec son corps souple et serpentiforme pouvant atteindre 1m50 de long, la murène est comprimée latéralement et recouverte de petites écailles lisses. Sa coloration varie, souvent mouchetée près de la tête et marquée de tâches plus larges vers l'arrière. Son museau allongé et sa grande bouche profilée, dotée de dents crochues et venimeuses, lui confèrent un aspect impressionnant. Le sérum sanguin de la murène est toxique, mais se neutralise à une température de 75°C.

Carnassier benthique, la murène vit dans les failles et crevasses jusqu’à 100m de profondeur, où elle défend farouchement son territoire. Elle se nourrit de poissons, de mollusques et de crustacés. Bien que l'espèce ait toujours été présente autour des îles, la population semble croître, avec une augmentation notable de jeunes spécimens observables en eaux peu profondes.

Le Mérou : Une Espèce Emblématique des Fonds Marins

Le mérou (Epinephelus marginatus) est une espèce fascinante qui ravit les plongeurs par sa curiosité. Souvent, il sort de son abri pour observer les visiteurs sous-marins.

Reconnaissable à son corps trapu, sa mâchoire légèrement prognathe et ses lèvres épaisses, le mérou possède de grands yeux mobiles qui lui donnent un regard expressif. Sa coloration brune peut varier considérablement en fonction de l'individu, de son comportement et de la couleur du fond marin.

Ce poisson sédentaire et placide peut vivre entre 40 et 50 ans et n'atteint sa maturité sexuelle qu'à l'âge de 5 ans. Fait intéressant, vers 9-12 ans, il subit une inversion sexuelle, passant de femelle à mâle. Vorace, le mérou se nourrit de poulpes, de calmars, de crustacés et de divers poissons.

Occupant une position de prédateur au sommet de la chaîne alimentaire, le mérou joue un rôle crucial en tant que régulateur des populations de ses proies, contribuant ainsi à l'équilibre des écosystèmes marins. Sa présence en bonne densité est souvent considérée comme un indicateur de la qualité de l'habitat marin.

Il est important de noter que la pêche du mérou est interdite dans les eaux territoriales de Méditerranée occidentale, conformément à un arrêté du 23 décembre 2013, afin de protéger cette espèce emblématique et de préserver la biodiversité marine.

Le Poisson-Lune : Une Apparition Étrange en Surface

Le poisson-lune (Mola mola) est souvent aperçu à la surface de l'eau, se laissant dériver à l’horizontale ou agitant doucement sa grande nageoire dorsale. En été, il s'approche parfois des côtes pour bénéficier des services de poissons nettoyeurs qui éliminent ses parasites.

Ce poisson fascinant présente un corps gris argenté presque circulaire, avec de petites nageoires pectorales rondes. Ses nageoires dorsales et anales, en forme de rames et positionnées à l'arrière de son corps, ainsi que son bourrelet caudal, lui donnent l'apparence d'une tête flottante. Malgré son apparence imposante, son cerveau est étonnamment petit par rapport à sa masse corporelle, ne dépassant pas la taille d'une noisette.

La Rascasse Brune : Ingrédient Clé de la Bouillabaisse

La rascasse brune (Scorpaena porcus) est un poisson essentiel dans la préparation de la célèbre bouillabaisse. Ce poisson présente un corps grisâtre ou parfois rougeâtre, parsemé de taches brunes. Sa tête trapue est ornée de gros yeux globuleux surmontés de deux tentacules plumeux. Comme tous les membres de sa famille, elle possède des nageoires dotées de rayons épineux et venimeux.

La rascasse brune est une créature solitaire qui reste souvent posée sur le fond marin, car sa vessie natatoire atrophiée la rend peu agile en natation. En cas de dérangement, elle ne se déplace que de quelques mètres avant de se réinstaller sur le fond. Ce poisson se nourrit de petits poissons, crevettes et crabes qu'elle chasse à l'affût.

Le Rouget : Délice des Fins Gourmets

Le rouget de roche (Mullus surmuletus) est particulièrement prisé des gourmets pour sa chair savoureuse. Ce poisson fréquente les fonds sableux, vaseux ou détritiques, depuis la surface jusqu'à 100 mètres de profondeur. En quête de nourriture, il utilise ses barbillons pour creuser dans le sédiment à la recherche de vers, mollusques et crustacés.

Sa coloration est extrêmement variable, allant du rouge foncé au rose pâle, avec des nuances vert-jaunâtre. Les deux barbillons situés sur sa mâchoire inférieure sont orientables et servent à la fois d'organes tactiles et gustatifs.

La renommée du rouget pour sa saveur parfumée remonte à l'Antiquité. Les Romains appréciaient tellement ce poisson qu'un beau spécimen pouvait valoir plus cher que l'homme qui l'avait pêché.

Le Saint-Pierre : Une Rencontre Inoubliable pour les Plongeurs

Avec sa silhouette unique, le Saint-Pierre (Zeus faber) offre une rencontre mémorable pour tout plongeur. Arborant une apparence quelque peu intimidante, avec une expression "patibulaire" et une crête d'épines impressionnante, ce poisson solitaire est néanmoins inoffensif pour les plongeurs.

Le Saint-Pierre se nourrit exclusivement de petits poissons et de céphalopodes. Pour capturer ses proies, il use d'une astuce : il s'approche lentement et ne montre que son profil extrêmement mince, grâce à la compression latérale de son corps, malgré ses 40 centimètres de longueur.

Selon une légende biblique, saint Pierre aurait attrapé ce poisson sur ordre du Christ pour en retirer une pièce d'or de sa bouche, laissant à jamais l'empreinte de son pouce sur les flancs du poisson.

Le Sar Commun : Habitants des Profondeurs

Le sar commun (Diplodus sargus), également appelé sargue, est un poisson qui fréquente les fonds marins jusqu'à une profondeur de 100 mètres. Ce poisson se distingue du sar à tête noire par les stries transversales sombres (généralement au nombre de neuf) sur ses flancs, qui s'estompent à mesure qu'il vieillit, et par une tache noire arrondie située au niveau du pédoncule caudal.

Carnivore, le sar commun possède une denture puissante lui permettant de broyer mollusques, oursins et crustacés. Lors de mer agitée, il remonte souvent à la surface pour se nourrir des vers et mollusques arrachés au substrat par les remous.

Doté d'un instinct social prononcé, le sar commun vit généralement en bancs composés de nombreux individus, formant ainsi des groupes qui facilitent leur survie et leur alimentation.

Le Sar à Tête Noire : Un Sparidé des Petits Fonds

Le sar à tête noire (Diplodus vulgaris), également connu sous le nom de vérade, est un sparidé très commun des petits fonds marins. Il se reconnaît facilement à sa livrée gris-argenté, marquée par deux bandes noires distinctives : l'une située derrière la tête et l'autre couvrant la partie antérieure du pédoncule caudal jusqu'à la base de la nageoire dorsale.

Ce poisson grégaire forme souvent de petits groupes lorsqu'il se nourrit sur le fond, mais peut également se rassembler en bancs stationnaires en pleine eau, composés de dizaines d'individus. Le sar à tête noire se nourrit principalement de petits invertébrés qu'il trouve parmi les algues des fonds rocheux ou dans les herbiers.

La Saupe : Un Herbivore Rare de la Méditerranée

La saupe (Sarpa salpa) est l'un des rares poissons herbivores de la Méditerranée. Elle se distingue par sa tête courte aux yeux bordés de jaune vif, sa petite bouche à lèvres épaisses, et son corps ovale et allongé. La saupe possède une seule nageoire dorsale et une nageoire caudale peu développée. Sa couleur gris verdâtre est traversée par une dizaine de lignes longitudinales dorées très marquées.

Active pendant la journée, la saupe se déplace en bancs denses et ordonnés au-dessus des herbiers de posidonies et des prairies d'algues, qui constituent sa principale source de nourriture. Comme de nombreux autres poissons, les saupes subissent une inversion sexuelle : les jeunes mâles deviendront femelles à mesure qu'ils vieillissent.

Le Serran-Écriture : Un Poisson Curieux et un poisson ornemental

Le serran-écriture (Serranus scriba), tout comme son cousin le mérou, est un poisson curieux et peu farouche qui s'approche facilement des plongeurs. Ce poisson, mesurant entre 10 et 25 cm, arbore un corps argenté strié de bandes verticales sombres irrégulières, une queue jaune, et une tache bleue sur le ventre des adultes. Sa tête et ses opercules branchiaux sont ornés de motifs bleus et rouges rappelant la calligraphie arabe, ce qui lui vaut son nom.

Territorial, le serran-écriture défend son espace contre d’autres poissons de la même espèce. Il chasse à l’affût et se nourrit de petits poissons, crustacés et mollusques. La reproduction a lieu au début de l’été, et en tant qu'hermaphrodite vrai, il peut féconder ses propres œufs.

Le serran-écriture habite les fonds rocheux et les herbiers sous-marins jusqu'à une profondeur de 30 mètres. Les nombreuses stries qui ornent son front ajoutent à son apparence distincte et attractive.

La Sériole : Géant des Carangues Méditerranéennes

La sériole (Seriola dumerili) est la plus grande des carangues de la Méditerranée, pouvant atteindre une longueur impressionnante de 2 mètres. Ce poisson possède un corps fuselé et musclé, comprimé sur les flancs, typique des grands prédateurs à nage rapide. Sa tête courte se termine par une mâchoire puissante. Son dos est argenté, ses flancs clairs et légèrement nacrés, tandis que ses nageoires sont souvent teintées de jaune. Les jeunes sérioles arborent une coloration plus uniformément jaune.

En fin d’été et à l’automne, les sérioles forment parfois de grands bancs pour chasser près des côtes. Les juvéniles adoptent une stratégie de survie intéressante : ils s'abritent sous l’ombrelle de grandes méduses ou d’objets flottants en dérive, ce qui leur offre une protection et favorise leur développement.

Le Tripterygion à Bec Rouge : Un Petit Poisson des Rochers

Le tripterygion à bec rouge (Tripterygion tripteronotus) est un petit poisson commun des petits fonds rocheux, atteignant jusqu'à 10 cm de longueur. Son corps allongé et fin, associé à un museau pointu, le rend facilement identifiable. Il possède des tentacules ramifiés au-dessus de chaque narine et de chaque œil.

Ce poisson se distingue par ses trois nageoires dorsales et par un dimorphisme sexuel prononcé : la femelle, de couleur brun clair, est experte en camouflage, tandis que le mâle arbore un corps rouge à orange, une tête noire et une tache noire à l'arrière de la première nageoire dorsale.

Le mâle attire la femelle sur son territoire en effectuant des petits sauts en zigzag pour qu'elle y dépose ses œufs. Bien que vivant en couple, la femelle fraye successivement avec plusieurs mâles. Le tripterygion à bec rouge est un résident typique des zones rocheuses peu profondes.